Une année dans la vie d'un jeune enseignant-chercheur en Guyane

par Olivier Vaillant


La recherche

La vie d'un jeune enseignant-chercheur aux Antilles-Guyane n'est bien sûr pas exempte de quelques agréments

notamment lorsqu'on trouve le temps de s'adonner aux quelques moments de réflexion qui font l'intérêt et le charme de notre métier ou lors des sorties sur le terrain pour recueillir du matériau de recherche.

On tente de se consacrer à la lecture de la littérature scientifique spécialisée malgré les conditions d'accès très difficiles (désorganisation des ressources documentaires).

Colloques et séminaires

Au cours de séminaires de recherche on a l'occasion de travailler en commun avec des collègues.

C'est dans ces précieux moments que se bâtissent des édifices théoriques collectifs.

On fait des présentations de ses propres travaux et l'on suit attentivement celles des autres.

Chacun expose ses modèles théoriques avec éloquence, dans une ambiance de grande qualité.

Cela n'empêche pas de lever parfois un sourcil soupçonneux lorsqu'on s'aperçoit que certains collègues ont vraiment du mal à ordonner leurs idées ;

il est inévitable que surgissent alors certaines controverses, malgré la qualité de l'ambiance.

L'enseignement

L'enseignement mobilise ressources et temps de préparation pour un public qui ne récompense pas toujours cet effort par un grand intérêt.

Alors on écrit on efface

on a de nouvelles idées on reformule

pour la rare récompense d'une question ou d'une remarque intéressante.

L'encadrement de travaux de recherche

L'une des autres missions de l'enseignement supérieur est l'encadrement de travaux de recherche : il faut relire des mémoires puis recevoir leurs auteur(e)s dans son bureau et leur parler avec discernement et indulgence à la fois

même si — il faut l'avouer — certaines de ces thèses sont assommantes et vous tombent littéralement des mains. Heureusement, les travaux de doctorat se terminent généralement par des pots où l'on peut s'en mettre plein la lampe.

Le problème des moyens de la recherche

Disons-le : le véritable problème de la recherche aux Antilles-Guyane est un manque criant de moyens.

Malgré les efforts d'un personnel dévoué mais trop peu nombreux, la bibliothèque reste mal achalandée et très désordonnée et quand on a la chance d'avoir du matériel informatique, c'est un vieux modèle — énorme, bruyant, et bien entendu incompatible avec les derniers matériels.

Le manque de matériel est un souci permanent : il faut aller chercher soi-même le moindre bout de craie à la réserve et c'est le bonheur lorsqu'on a la chance d'en trouver un à peu près entier !

On est bien souvent obligé de s'atteler soi-même aux travaux de reprographie et de reliage des cahiers de recherche et s'il manque du papier ou des agrafes, il faut se résigner à aller en demander à la secrétaire

qui a souvent déjà bien d'autres choses à faire.


Pour conclure de manière optimiste : dans l'ensemble, le fait de faire partie d'une équipe sympathique et soudée fait beaucoup pour alléger les tracas quotidiens.


Meilleurs vœux pour l'année 2007 !


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